[Éric Dussert, Le Matricule des anges, 2003] « Ce qui frappe d’abord dans La Grande Pâque, c’est la fébrilité d’un narrateur qui nous tire par la manche. Il a quelque chose à raconter, veut le faire vite. […] Jacques Besse avait qualifié de « déambulation » cette dérive intemporelle et poignante d’un homme seul et sans le sou durant un long week-end. […] Son errance à la recherche d’introuvables amis va durer trois jours et trois nuits de faim, de soif et de sommeil au fil desquels ses mots vont devenir heurtés, fébriles, son parcours incohérent. »
 


[Brèves, Jean-Loup Martin] Il se souvient. Il imagine. Il a froid. Il est mal. Il va bien. Son livre est un poème en prose, un rêve autobiographique, un récit dément. Son livre est un kaléidoscope de phrases brèves, hachées, lyriques, syncopées. Jacques Besse est un homme, un "sous-homme" (page 59). Et puis c'est le dimanche de Pâques. "Et Pâques, pour moi, c'est le jour où je ne trouverai ni à manger ni à boire" (page 61). C'est le jour où ses amis sont enfermés chez eux en famille et ne le voient pas. Jacques Besse est invisible, oublié, perdu. Il est lui-même, musicien, poète, penseur, militant, rejeté et apprécié.
 


[Lorenzo Soccavo, La Grande Pâque à Sainge-des-Prés, prospectivedulivre.blogspot.fr] « […] ce dimanche est celui de Pâques et que depuis 1999 à toutes les Pâques je pense à… La grande Pâque. La grande Pâque est une œuvre magistrale de l’artiste et compositeur Jacques Besse. La grande Pâque est un court récit autobiographique de moins d’une centaine de pages […]La grande Pâque est pour moi une œuvre majeure de notre littérature. […] Il y a dans La grande Pâque, en plus resserré, en plus puissant, quelque chose de la force d’un livre comme En compagnie d’Antonin Artaud, le journal de Jacques Prevel, œuvre plus connue grâce au film de 1993 de Gérard Mordillat, avec notamment Sami Frey. Aujourd’hui il m’arrive souvent de voir Singe-des-Prés derrière Saint-Germain-des-Prés. J’aiguise mes sens carrefour de l’Odéon pour percevoir un écho de cette symphonie fantastique composée et dirigée par le grand Jacques Besse. Pour tout habitant de Saint-Germain-des-Prés ce livre devrait être une lecture obligatoire. Un devoir d’honnête homme. À Saint-Germain-des-Prés un monument, une statue, devrait être élevée à la gloire de Jacques Besse. »
 


[Philippe Rahmy, remue.net, déc. 2001] « On a relu Besse. La langue de La grande Pâque, comme le meurtre appelé Mars (“J’ai senti en ce nom une contraction de Mau-Ars, Ars signifiant évidemment l'Art ou la Technique, et Mau, comme dans Antonin Artaud ou plutôt à partir de lui, le pauvre type, l'anormal, l'inadmissible[…]”), mais pas seulement comme ça, mais aussi la bienveillance, déportant sa gravité où elle peut, avec par endroits de la jubilation, quand les bouffées et le crachin à l'aplomb de sa sphère font bourdonner les lettres. Jacques Besse, déambulateur amok dont le mal s'est détaché un peu, juste assez pour lui laisser le temps d'arpenter 93 pages, lui accorder le répit de ce dernier parcours. »
 


[Agnès Bertomeu, Chimères n° 37] « […] Les musiciens de Jazz parlent de leur recherche du “son”. Le sound, Jacques Besse l'avait, mais par un tournant étrange. la musique s'est emparée de sa vie, elle l'a pris comme un délire peut prendre. C'est cette musique en marche qu'on retrouve dans La Grande Pâque, ce monde qui se met à bruire en musique par lui-même, accompagnant la démarche de l'auteur. »
 


[Pierre Hild, « De bouche à merveilles », Libération, 13.01.2006] « Près de la mairie du XVIIIe arrondissement parisien, au cœur d'un îlot encore populaire, la rue du Poteau brille par ses commerces de bouche. Il y a dix ans, deux libraires qui aimaient ce quartier et pensaient y trouver une clientèle à leur goût, point trop uniforme, créèrent L'Humeur vagabonde, librairie générale qui tire son nom d'un roman d'Antoine Blondin. Un nom qui sonne bien, ici. […] La Grande Pâque de Jacques Besse (La Chambre d'échos, 1999) est en présentation. Cette déambulation hallucinée dans le Paris des années soixante reste encore à découvrir. Son auteur qui s'éteignit l'année de cette réédition à la clinique de La Borde, asile qu'il fréquenta dès les années cinquante, semble encore faire peur, étrangement. »