[Jacques Sterchi, La Liberté, 15 mai 2004]
 « […] Loin d’où, c’est de l’humour juif, explique-t-il. Sans point d’interrogation, la formule est issue d’un dialogue entre deux juifs. L’un s’en va pour la Nouvelle-Zélande. L’autre lui rétorque que c’est loin. D’où ce « loin d’où ». Formule également utilisée par Claudio Magris, ce bon mot a poursuivi Adam Biro toute sa vie. Exilé, avec trois nationalités successives, deux langues, et cette bizarre impression d’errance, autant liberté que damnation. Biro sera toujours un nom étrange, étranger. Genève l’amuse, dans les années soixante. Fribourg, où il séjourne un peu, ne lui plaît pas du tout. Un « trou pourri » plein de curés et de soldats, où les cinémas ont une affiche lamentable, et dont il s’évade en DKV pour aller voir une toile à Berne…
 Adam Biro, c’est le destin d’un siècle, ce XXe si violent et chaotique, pudiquement relayé par bribes, par une réflexion parfois âpre sur la judéité. C’est aussi un constat sans pathos sur la relative liberté de l’homme pris dans une existence sociale. »