[Le Vif/L’Express, 10 janvier 2003.]
« Les nouvelles de ce volume racontent des femmes au teint trop clair, des orphelines essaimées par la colonisation, nées au Burkina Faso, anciennement Haute-Volta, porteuses d’une douleur sourde que le moindre incident vient raviver. Les unes se sont résignées, les autres veulent comprendre. Le ton direct, l’absence d’effets faciles, une résonance froide donnent tout son impact à une réflexion qui évite le piège du réquisitoire. »
[Bulletin critique du livre français, décembre 2002]
« Le cadre se situe en Afrique ou en France, suivant les nouvelles de cette suite sous-titrée à juste titre Nuances. (…) De nouvelle en nouvelle, les lecteurs croiseront bien des personnages et en retrouveront certains, femmes toujours, personnalités attachantes et reliées par un même désir d’identité. Le talent de narratrice de Sarah Bouyain est manifeste. Elle sait en quelques traits peindre un personnage, rendre une atmosphère, donner le souffle à une intrigue de poche. Les métisses de ses histoires sont dotées d’un dynamisme et d’une finesse que l’on retrouve avec bonheur dans une écriture colorée et alerte, l’humour en sus. Une découverte fort agréable. »
[Zohra Sotty, RFI, 4 février 2003]
« Nombre des personnages de ces six nouvelles ont en commun une brisure, une blessure mal cicatrisée. Les uns reviennent sur les traces d’un passé douloureux, d’autres questionnent les souvenirs comme ils interrogent le hasard ou les interlocuteurs rencontrés. Il y a ceux qui veulent (ou ont voulu) oublier et se sont réfugiés dans quelque détresse tue, et d’autres qui s’en vont affronter crânement leur destin. (…) Nul doute que ce livre, dette ou revanche, soit le fruit d’une absolue nécessité pour son auteur, tant ses personnages-victimes attirent une évidente sympathie et portent en eux une douleur qu’il doit être bon de partager. »
[Divas, décembre 2002]
« La littérature africaine s’est peu intéressée, sauf de façon anecdotique, aux métisses. Sarah Bouyain, franco-burkinabé, qui a déjà réalisé un documentaire sur le sujet, a compilé une série de portraits de métisses vivant au Burkina Faso.
Prises entre la fascination et les jalousies qu’elles suscitent du fait que les hommes préfèrent les peaux claires, et le rejet, car elles sont perçues comme des bâtardes abandonnées par leur père, ces coloniaux français, ces personnages appartiennent au grand mutisme de l’Afrique et de la France qui les excluent, d’une manière ou d’une autre. »
[Extraits de l’interview faite par Fauzia Treger pour les Radios Associatives]
« Journaliste : Pourquoi cette situation un peu compliquée où les personnages se croisent, se côtoient, se séparent comme si rien n’était à sa place ?
Sarah Bouyain : Ce n’est pas conscient… Ça vient de ma situation familiale… On était toujours entre la France et le Burkina, on était toujours en partance… Ce sentiment d’être toujours loin des gens que l’on aime…
Journaliste : Vous écrivez d’une façon détachée alors que vous ne l’êtes pas du tout. Est-ce une façon de donner le change ?
S.B. : Ma façon d’écrire s’inspire de la façon dont j’entends parler les gens autour de moi quand je suis au Burkina, de la façon aussi dont mon père me parlait du Burkina… Il m’a raconté des histoires vraiment horribles en mettant le doigt sur le détail risible… »
[Alain Kewes, Décharge, mars 2003]
« À l’heure où la Côte d’Ivoire et son voisin le Burkina Faso nous envoient des échos embrouillés, ce recueil vient nous rappeler que la France a largement contribué au casse-tête. Les héros de ces nouvelles sont des femmes, enfants, jeunes adultes ou déjà vieilles. Noires parmi les blancs, trop claires pour l’Afrique, leurs histoires sont des quêtes impossibles de paternité et d’identité. Leur rejet, tout au moins la méfiance qu’elles inspirent aux uns et aux autres du seul fait qu’elles expriment par leur existence même toute la mauvaise conscience enfouie, est emblématique d’une situation collective de l’Afrique postcoloniale mais surtout devient l’argument de tragédies intimes lesquelles ne sont pas sans ménager quelques sourires ici et là. La gouaille d’une Joséphine qu’envahissent les détritus, la salutaire arrogance d’une famille dans les travées d’un supermarché parisien revigorent avec bonheur la langue et l’esprit, mais le goût reste amer au bout du compte, à l’image des essais maladroits de Rachel pour s’inscrire dans la moitié africaine de son histoire. »
[Le nouvel Afrique Asie, octobre 2003.]
« À travers des figures de femmes très attachantes, vieilles ou jeunes, l’auteur s’attache à faire revivre, dans un style sobre et incisif, le drame du métissage colonial. Une génération de femmes africaines, « réquisitionnées pour la détente » des officiers français, ont donné naissance à des enfants métisses, dont l’intégration dans leur société d’origine est problématique, et dont beaucoup seront hantées par la recherche du père absent. »