[Ivan Garcia, « Les « nouvelles bucoliques » de Jean-Pierre Rochat, écrivain-paysan », Le Regard libre, 31 mars 2020]
« […] Dans « écrivain-paysan », il y a « paysan », travailleur de la terre, mais aussi « écrivain ». Et non seulement l’auteur écrit mais, bien entendu, il lit beaucoup. Son mentor ? Cela ne pouvait être que Charles-Ferdinand Ramuz ! Le premier à avoir revendiqué le droit d’écrire dans sa langue (de « mal écrire » il disait). Si je voulais faire des comparaisons, je dirais que Jean-Pierre Rochat, c’est un peu notre Arno Camenisch romand. L’écrivain-paysan réalise un sacré travail sur l’oralité en tentant de capter cette langue romande qui, pleine de tournures, reste difficile à transcrire à l’écrit. On entend donc dans Café de la Poste, ce fameux café-bistrot où on est tous allé une fois, des réflexions de comptoir sur ces Suisses qui se marient avec des « Môriciennes ». Hécatombe. Nouvelles bucoliques, est un recueil qui s’arrête sur des petits instants de vie : l’attachement d’un enfant pour son cabri, la fascination amoureuse d’un enfant pour une Indienne du cirque, la vie de paria d’un émigré italien, Firmin qui va chez le dentiste, un paysan qui teste l’acide, etc. Et ce sont de petites hécatombes. Les nouvelles ne se finissent pas toutes forcément par une mort physique mais par la disparition de quelque chose ou de quelqu’un. À mon sens, Jean-Pierre Rochat livre avec humour et fidélité la disparition d’un monde. Celui d’avant, où l’on prenait le temps et où l’on aimait la nature, les gens et la simplicité. »
[« L’impertinent héraut du bon sens », Le Journal du Jura, 21 octobre 1999]
En bon Suisse d’extraction modeste, Jean-Pierre Rochat trait sa chèvre, vit paisiblement et publie des bouquins. Éleveur talentueux, il écrit tous les matins entre quatre et cinq heures pour le plus grand bonheur des esthètes et des polissons.
[Le Franc-Montagnard, Michel Lambert, 18 novembre 1999]
Tous ceux qui aiment les histoires proches de la terre, écrites comme on parle, avec des expressions bien de chez nous, et un bon sens paysan parfois déroutant dégusteront les textes de Rochat avec beaucoup de plaisir. « Chevaux de trait », le fils qui est sorti de l’école d’agriculture ; « Barnabé », le vieux berger d’alpage qui rêve d’une femme ; « Le cabri », l’histoire pathétique de Jérôme qui a reçuu un cabri pour son anniversaire […] les dix-sept nouvelles contenues dans ce livre sont absolument remarquables.
[Décharge, Alain Kewes, décembre 1999]
L’air du temps est à l’urbain façon Ravallec, au frelaté façon Houellebecq, au faisandé d’émois sexuels de jeunes filles. Aux antipodes, Jean-Pierre Rochat, suisse et berger de son état, nous fait remonter la montagne avec ces récits de marginaux, inadaptés du monde moderne, largués en pleine mer des années cinquante, ayant perdu de vue la balise de l’an 2000. le tableau est féroce, souvent drôle, décapant, riche aussi d’une énorme tendresse, d’un bon sens, désabusé puisqu’on sait bien que ce n’est pas lui qui dirige le monde.