[«La sagesse du berger-écrivain», L’Impartial]
Sa silhouette — grande barbe noire, queue de cheval et bretelles saillantes — est bien connue dans le monde du cheval des Franches-Montagnes. Chacun a en mémoire l’image de ses déboulés autour de l’esplanade du Marché-Concours avec son fameux Queens, l’étalon volant. […]
Il s’agit de petites nouvelles (une septantaine), des tableaux en mouvement. «C’est ma contribution allégorique au silence de la terre», commente l’écrivain-paysan. Ces récits sont imprégnés d’une grande tendresse. Comme au réveil, on ne sait jamais si l’auteur s’accroche à un rêve ou s’il tente d’échapper à la réalité.
«Pris par le sommeil, j’étais déjà à moitié parti pour une croisière bleue quand elle est montée sur le bateau juste avant qu’ils retirent la passerelle. Mais je reste en paresse, je n’arrive pas à me lever». Ou encore: «Sous la peau, nous sommes des poissons dans l’eau».
De révolté, Jean-Pierre Rochat est devenu le philosophe assis sous un sapin. Il embarque le lecteur dans son monde intérieur. Avec poésie et sensualité, il évoque ses amours.. «J’enten-dais, lointain, indistinct, le tremblement dû au galop de la horde des chevaux sauvages de mon cœur acculé maintenant contre les rochers, elle vient tout près». Jean-Pierre Rochat évoque encore ses chauds moments de bonheur, ses doutes, la mélancolie de l’instant, passé. «Tellement accro à la vie qu’après ma mort j’espérais de nombreuses rechutes. On ne peut pas s’arrêter comme cela de vivre»… Un ouvrage superbe, d’une grande densité.