[Franz, note de lecture sur Babelio, 06/2016] « […] Peu de dialogues n’avivent un récit essentiellement descriptif, ancré dans le présent de narration. La psychologie et le physique des personnages ne sont qu’effleurés. S., insondable bûcheron métis, n’est connu que par une initiale. Le lecteur ignore son passé, ses motivations, ses désirs. Le couple improbable formé avec Isabel, héritière cultivée, n’expose jamais son histoire, son repentir ou ses motivations. Tout est donné à voir dans le déroulement d’une vie fruste et âpre, dans une nature vierge que les hommes mettent en coupe réglée. La mise en place de la scierie rudimentaire en plein massif forestier avec l’émergence des baraquements et la constitution d’une micro société faite de bouviers, bûcherons, cuisinier, chauffeur, charpentier est fascinante. Marc-Alfred Pellerin fait sentir les rapports entre les hommes, les mouvements d’humeur, de jalousie et d’envie, les peurs refoulées et les craintes expirées, les liens posés sur des apparences, les élans jetés dans l’effroi des solitudes andines. Roman posthume paru en 2013, L’Alerce témoigne de l’intérêt de l’auteur pour les contrées boisées et sauvages, qu’elles soient canadiennes, russes ou chiliennes. […] Auteur somme toute confidentiel, Marc-Alfred Pellerin travaille son écriture à l’os et pose des phrases incisives avec un regard acéré. Le découvrir et le relire demeurent un plaisir constant que le temps érosif n’entame pas. »
 


[Globe trotters, n° 153, janvier-février 2014] L’alerce est un mélèze de la région du Fitzroy au Chili. Connu pour sa longévité exceptionnelle, il est pourtant en voie d’extinction. Une belle métaphore pour parler d’une trempe d’hommes et d’une époque amenés à disparaître. Les forêts des Andes de Patagonie plantent le décor d’une histoire d’amour inattendue qui entraînera les protagonistes dans un road movie haletant. Le style d’écriture colle au paysage : beau, aride, puissant.


[F.V., Revue Silence, n° 421, mars 2014] « L’auteur, qui a travaillé dans le monde forestier, nous emmène dans les montagnes du Chili. Un couple illégitime se réfugie sur un chantier de bûcheronne. Nature difficile d'accès, hommes brutaux, rivalités, alcoolisme, règlements de compte, Incendies et coupe sauvage d'un alerce, un arbre géant protégé, l'auteur nous tient en haleine en décrivant très précisément ce milieu forestier où les rebondissements sont multiples. Le couple est recherché par la police, ce qui pimente encore un peu plus l'histoire. Une écriture concise et efficace, un milieu sauvage pour un suspens de tous les instants. »
 


[Bibliothèques pour tous, 2014] Un après-midi, Isabel se rend à la scierie de Valenzual (Chili). Le jeune Paco lui fait visiter l'atelier où travaille un dénommé S. C'est pour ce dernier que faisant fi des conventions. Isabel abandonne mari et enfants. L'époux quitté signale sa disparition et le corps disloqué de Paco est retrouvé au pied d'une chute d'eau. Traqué par le capitaine Zakosek le couple illégitime débute une longue errance sur les contreforts de la Cordillère au gré des chantiers de coupe jusqu'au Ventisquo, où S est embauché comme bûcheron sur une aire d'abattage… Écrivain et passionné de sylviculture, Marc-Alfred Pellerin (Inokenti NB août-septembre 2004) est un ardent défenseur de la nature. Si l'intrigue est bien construite, le sujet du roman est autant la vie rude des hommes de la Cordillère des Andes que le saccage encore actuel des forêts. Leur incontrôlable immensité est livrée à un braconnage dévastateur et au profit. Il en est ainsi de l'alerce — arbre millénaire. Au fil du récit l’écriture devient plus fluide et renforce une intrigue attachante imprégnée de la sauvagerie d'une nature grandiose.