[Franz, note de lecture sur Babelio, 06/2016] « […] Peu de dialogues n’avivent un récit essentiellement descriptif, ancré dans le présent de narration. La psychologie et le physique des personnages ne sont qu’effleurés. S., insondable bûcheron métis, n’est connu que par une initiale. Le lecteur ignore son passé, ses motivations, ses désirs. Le couple improbable formé avec Isabel, héritière cultivée, n’expose jamais son histoire, son repentir ou ses motivations. Tout est donné à voir dans le déroulement d’une vie fruste et âpre, dans une nature vierge que les hommes mettent en coupe réglée. La mise en place de la scierie rudimentaire en plein massif forestier avec l’émergence des baraquements et la constitution d’une micro société faite de bouviers, bûcherons, cuisinier, chauffeur, charpentier est fascinante. Marc-Alfred Pellerin fait sentir les rapports entre les hommes, les mouvements d’humeur, de jalousie et d’envie, les peurs refoulées et les craintes expirées, les liens posés sur des apparences, les élans jetés dans l’effroi des solitudes andines. Roman posthume paru en 2013, L’Alerce témoigne de l’intérêt de l’auteur pour les contrées boisées et sauvages, qu’elles soient canadiennes, russes ou chiliennes. […] Auteur somme toute confidentiel, Marc-Alfred Pellerin travaille son écriture à l’os et pose des phrases incisives avec un regard acéré. Le découvrir et le relire demeurent un plaisir constant que le temps érosif n’entame pas. » |