[Philippe Vannini, Les jeudis littéraires, Aligre.fm]
« Un livre étonnant… une atmosphère très forte. Ce n’est pas seulement un texte sur l’enfance, cela va bien au-delà. [l’auteur] met en place des plans séquences qui vont faire à la fin une admirable fresque…
[…] Un livre ambianté dans l’enfance à l’orée du monde adulte, un grand livre d’apprentissage et de liberté, où les enfants sont dans leur monde, et peuvent agir comme ils l’entendent dans ce huis clos sans l’intervention des adultes. Ils se créent leurs propres valeurs, leurs limites.
[…] Un livre « hors système », et c’est pour cela que c’est un très bon livre. »
[Philippe Leuckx, lacauselitteraire.fr, 10.07.17]
« Un premier livre pour cette jeune lettrée, « fervente de Marquez, Queneau, Segalen », et que je placerais aisément dans le sillage d’Hardellet, le magicien, et de cet autre grand insolite des lettres francophones, Claude Louis-Combet. On peut avoir moins bon compagnonnage.
Petit livre mais tout empli de résonances profondes, que les lieux enchantés ou mystérieux, que les personnages, anonymes mais vivants, habitent, au meilleur sens du terme. On lit ces pages d’une enfance retrouvée, entre peur, désir de se faire crainte et émerveillement, avec la légèreté et la gravité que la plume experte de la romancière instille à sa prose. […]
Les deux protagonistes, deux petites filles, fouaillent à qui mieux mieux dans le fourbi d’un manoir étrange, au portail vert, où tout est mystérieux et profond et dense comme dans l’enfance qui s’invente. Délices et délits : on découvre, on s’ennuie, on a des « mères » qui « aiment les jeux et le danger », on est dans une époque indéterminée, imprécise, incertaine […] C’est avec un plaisir intense que l’on lit cette prose enchantée. On pressent un auteur épris de justesse et qui a tous les dons pour s’inventer un monde personnel. »
[Alain Kewes, Décharge, n° 175, sept. 2017]
« La Chambre d'échos s'est fait la réputation de publier des livres inclassables, à tel point que chaque volume arbore un qualificatif de genre inédit. Celui-ci ne déroge pas à la règle. De très courts chapitres dessinent peu à peu une fiction unique qui n'est pas de l'ordre du roman. Plutôt un conte, naïf mais parfois inquiétant. un huis clos dans un manoir sans âge ni localisation, avec sa galerie de personnages […]. À vrai dire, il n'y a pas d'action continue mais une suite de scènes, des tableaux, qui sont comme des pièces d'un puzzle dont la fin révélera. peut-être, l'image complète. Une extrême attention est portée à la lumière, le plus souvent chaude, ajoutant à l'impression féerique, d'autant que tout cela semble conté du point de vue des enfants pour lesquelles le moindre détail devient mystère. […] Parfois, les mères disparaissent la nuit et nul ne sait où elles vont. Il arrivera que les petites découvriront un passage secret dans la haie qui délimite leur univers et le monde extérieur se mettra soudain à exister dans l'imaginaire des petites. Incertain de ce qui se trame sous nos yeux, on lit, intrigué, charmé. »
[Andribet, critique Babelio, 30 oct. 2017]
« Sept personnages habitent « Derrière le portail vert » : les petites qui ont des airs de Delphine et Marinette, les héroïnes de Marcel Aymé, leurs mères qui « s'évaporent la nuit », la grand-mère qui « a depuis longtemps tué le père », le vieil intendant, « une âme en peine » et Roméo, le chien. L'essentiel du récit fragmenté en tout petits chapitres est mené du point de vie des fillettes qui découvrent la maison et le jardin comme elles découvriraient le monde. Un monde magique souvent, énigmatique parfois, angoissant de temps en temps. […] Il faut lire et relire "Derrière le portail vert" pour, comme les petites, parvenir à le franchir, comprendre qu'on peut s'émanciper des humeurs et de l'arbitraire d'une génération démodée qui a cru pouvoir se passer des hommes. »
[M.-T.D. et A.-M.D., Notes bibliographiques, 21 janvier 2019]
« Une parentèle de femmes : une grand-mère, deux mères, deux fillettes et un chien nommé Roméo vivent dans un manoir avec jardin et cabane, à l'abri du monde, avec pour seul homme un vieil intendant. Les journées passent… Les petites s'inventent des jeux, des secrets, des histoires. Les mères parlent, s'échappent parfois ; la grand-mère, omniprésente, régente la maison. Traces du temps qui passe : imperceptiblement, les jeux laissent place à l l’ennui, à la rêverie, aux confidences. La grand-mère vieillit, et meurt. Pour les petites, le portail vert s'ouvre au monde et à sa réalité… « et le réveil, en un sursaut douloureux et bienfaisant, se saisit des rêveurs ».
Marion Fontana livre son premier texte. Récit intemporel, impressionniste aux confins du fantastique, en petites touches éclatées, qui l'air de rien, « fait œuvre » ; et habilement, elle nous tend une lanterne magique pour nous rendre complices d'un monde mystérieux et suranné qui défile comme un carrousel d'images dont nous serions les témoins privilégiés. »