[Alexandra Laignel-Lavastine, « Adam Biro, heureux comme Ulysse », Le Monde, paru lors de la première édition des Ancêtres d'Ulysse aux PUF, 2003]

« DRÔLE, chaleureux, toujours disponible, Adam Biro fait partie de ces rares intellectuels à qui une chose ne risque pas d'arriver : se prendre au sérieux. Aussi ne nous racontera- t-il pas l'histoire - version édifiante — du petit émigré issu d'une famille de juifs hongrois patriotes, parti de son pays à 15 ans et devenu entre-temps un célèbre éditeur d'art parisien. […] “Né en Hongrie, réfugié politique en Suisse, époux d'une Allemande, père de deux Françaises, je suis et resterai toute ma vie un est-européen”, confesse-t-il dans Les Ancêtres d'Ulysse.
Un Européen de l'Est ? Oui, au point d'avoir l'impression que depuis ses quinze premières années à Budapest “plus rien d'important” ne lui est arrivé. C'est évidemment très exagéré, les extravagantes péripéties qui jalonnent sa trajectoire évoquant plutôt les aventures du brave soldat Svejk. D'abord le départ, en 1956, entraîné par l'écrasement de la révolution hongroise : “Avant de me placer sous la protection de l'OTAN, de Radio Free Europe et de la SNCF, j'avais le choix : devenir une mauviette, une chiffe molle entre les mains d'une mère surpuissante, ou homosexuel, ou me révolter jusqu'à la rupture sanglante.” Il optera pour une troisième voie : “La fuite, la rupture déguisée en action politique. En fait, j'ai choisi la liberté.” L'adolescent atterrit à Vienne et, de là, à l'ambassade de Suisse.
[…] après un roman, et plusieurs volumes de nouvelles, ce cosmopolite-né s'est imposé comme un écrivain de langue française à part entière. Une langue dont l'inventivité éclate à chacune des pages des Ancêtres d'Ulysse, où, dans une Europe centrale finalement dévastée par la Shoah puis par la dictature stalinienne, il retrace l'histoire des siens sur plusieurs générations. Voilà qui l'inscrit paradoxalement dans cette veine mi-burlesque, mi-mélancolique si caractéristique du roman centre-européen, où l'essentiel se joue dans l'anecdote et où le sublime croise toujours le dérisoire. Quant au “monstre”, selon la formule de Milan Kundera, chez Adam Biro comme chez Musil ou Broch, “il vient de l'extérieur et on l'appelle Histoire”. Le monstre, c'est par exemple l'irruption des Croix-Fléchées, les nazis hongrois, un jour de janvier 1945, et les circonstances atroces de l'assassinat du grand-père Mark et de son fils Joszi. Un épisode qui n'est sans doute pas sans lien avec le cheminement ultérieur du narrateur. “Là, au bord du Danube, on les a attachés ensemble, et on a tiré sur l'un des deux pour que le mort entraîne le vivant au fond de l'eau. Le père a-t-il entraîné le fils ? Ou le contraire ?” Cette histoire “m'a façonné”, dit-il. L'oncle Joszi, mort à 38 ans, était peintre et historien de l'art. Adam Biro possède de nombreux tableaux de lui. “J'y tiens plus qu'à tout. J'ai l'impression que je suis dépositaire de... d'un devoir. De sauvetage.”
Ce roman familial, l'éditeur-écrivain l'a en partie écrit pour son petit-fils, Ulysse. “Je suis le dernier, observe-t-il, qui ait connu le monde d'alors”, cet autre côté “mystérieux et mythique” de l'Europe. La disparition à vue d'œil de ce “là-bas”, d'où il est malgré tout si fier de venir et qui s'est désormais inscrit “dans la course vers le fric”, le désole : « C'est si triste, si solitaire. » Autant dire que cette Europe “qui unionne et qui euronne” ne sera jamais tout à fait la sienne. Même si Adam Biro lui redonne justement une âme. »

[Jean-Loup Martin, Décharge, n° 180, déc. 2018]
« Adam Biro raconte l’histoire de sa famille depuis les “ancêtres d'Ulysse” (et donc les siens aussi) jusqu'à ses parents : des Finkelstein, des Perlmuter, des Biro... des juifs hongrois aux destins souvent douloureux. Il raconte du moins ce qu'il en sait, ce qu'il peut en reconstituer ; il se pose des questions sur ce qu'il ignore, il émet des hypothèses. À travers l'histoire, le plus souvent tragique, de sa famille, Adam Biro présente “l'Histoire avec une grande hache” pour reprendre l'expression d'un autre Juif issu d'une famille massacrée, Georges Pérec dans W ou le souvenir
d'enfance
- l'histoire des Juifs persécutés dans une Hongrie antisémite, dans une Europe dévastée par la fureur nazie - des Juifs enfermés, détruits dans des ghettos, des camps de concentration...

Adam Biro fait un portrait sensible de toutes ces personnes - un portrait évidemment succinct pour ceux dont il ne sait presque rien ; un portrait fouillé, approfondi, sensible de ceux qu'il a connus […]

Le style est très percutant et très nuancé, lyrique par moments mais toujours limpide, parfois aussi ironique, voire sarcastique. Le lecteur est fasciné par des mots-valises ; par des mots et des phrases en hongrois, en allemand, en anglais (toujours traduits !) par des noms propres hongrois, juifs, aux résonances “exotiques”, par une espèce de poésie éthérée et
pourtant solidement terrienne. L'analyse psychologique, politique, sociale de sa famille, de lui-même, du monde, de l'Histoire et des histoires est très fine et très pénétrante, souvent bouleversante. La construction est très élaborée. Les ancêtres d'Ulysse d'Adam Biro est un livre d'une incroyable richesse : un chef d'oeuvre qu'il faut lire absolument. »

[C.M. et M. Bo., Notes bibliographiques, fév. 2018]
« Adam Biro né en 1941 en Hongrie, exilé en 1956 [écrit] l’histoire de [ses] ancêtres juifs et hongrois. Il évoque leurs métiers, leurs alliances, les déplacements migratoires intérieurs et les exils vers l'étranger, les réussites et les difficultés dans un pays ravagé par les catastrophes de l’histoire du XXe siècle. […] Chaque chapitre porte le nom d’un ancêtre, du plus ancien au père de l’auteur […] Colère et émotion, humour aussi, se glissent dans une histoire essentiellement dominée par la nostalgie. […] Cette saga évoque aussi l’histoire tragique de la Hongrie et de l’Europe centrale. »

[Françoise Bette, Babelio.com, 08 octobre 2018]
« Les ancêtres d'Ulysse est un magnifique cadeau de mémoire.
L'auteur y présente ses différents ancêtres et nous raconte diverses épisodes qui expliquent que Monsieur Biro ne vive plus en Hongrie mais bien en France. […] une histoire qui vaut la peine d'être lue pour qui apprécie les histoires familiales et les traditions juives »

[Sophie Masson, Cultures J]
« Ulysse, petit-fils gâté de l’auteur Adam Biro, est le destinataire de son livre Les ancêtre d’Ulysse. Celui-ci avait deux ans. Aujourd’hui le livre est ré-édité, Ulysse a 17 ans et un frère.
Adam Biro y raconte l’origine de sa famille hongroise, sa longue présence en Hongrie, ainsi que leurs changements fréquents de patronyme pour s’adapter, se faire mieux accepter, rendre leurs noms plus hongrois.
Son ancêtre connu le plus ancien est journalier. Puis il y a ses grands-parents, ses oncles, ainsi que sa tante, la sœur de sa mère. »